100 ans : 1914 : début de la création de l’Office

Evoquée dès 1914, la création de l’Office public d’HBM sera reportée après le 1er conflit mondial.

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C’est à l’initiative de Vivant Lacour, nouveau Maire de la ville, qu’elle est décidée en 1920 pour construire des logements sur les terrains libérés par l’Armée américaine. Il faudra attendre le 16 juillet 1924 pour sa naissance officielle, par décret du Président de la République Gaston Doumergue. 

A la veille de la 1ère guerre mondiale, en 1911, la population de la ville de Saint-Nazaire atteint près de 40 000 habitants, marquant une croissance spectaculaire par rapport aux moins de 4 000 habitants enregistrés six décennies plus tôt. La construction du port, l’arrivée du chemin de fer, et l’installation de la Compagnie générale transatlantique ont conduit à ce développement spectaculaire qui s’accompagne de difficultés considérabless pour se loger pour les ouvriers, notamment.

Une première délibération le 21 février 1914

Quand la création d’un Office HBM est évoquée pour la première fois en Conseil Municipal le 21 février 1914, Louis Brichaux est maire depuis 1909. Radical, il est imprégné de la culture hygiéniste et moraliste qui prévaut alors dans l’approche du logement pour les classes populaires.

La France se prépare déjà à un conflit potentiel avec l’Allemagne, la santé des jeunes français et les risques de « dépopulation » sont aussi des sources des préoccupations. Il faudra attendre la fin de la 1ère Guerre Mondiale pour que l’on parle de « crise du logement », c’est la lutte contre les logements insalubres qui est principalement évoquée.

La possibilité de créer des Offices Publics est récente puisque la Loi Bonnevay qui les institue ne date que de juillet 1912. Les lois Siegfried de 1894 et Ribot de 1908 ont respectivement institué les sociétés d’habitations à bon marché et les sociétés de Crédit Immobilier afin d’encourager les classes modestes à devenir propriétaires de leur logement. Elles s’adressent à la classe ouvrière qui dispose de suffisamment de ressources pour s’engager dans le remboursement d’emprunt et l’achat d’une maison. Les Offices Publics permettent des investissements locatifs destinés aux familles les plus « nécessiteuses ».

Le premier Office avait été créé en 1913 à La Rochelle, celui de Nantes avait suivi peu après.

La séance du conseil Municipal s’ouvre à « 8 heures et quart du soir » ce 21 février 1914.

C’est Monsieur Joubert, adjoint, qui est chargé de défendre la proposition. Nous avons fait le choix de reprendre ses propos tels qu’ils ont été retraduits dans le compte-rendu du Conseil Municipal afin de nous imprégner au mieux de l’air du temps.

Monsieur Joubert met en avant l’indéniable caractère d’urgence de la situation du logement :« Les loyers renchérissent, les logements vacants deviennent introuvables ». Cette situation touche « non seulement au bien-être du travailleur, mais à sa santé, à sa moralité, à la force et à l’avenir de la population. » « Dans les maisons insalubres qui continuent à subsister, par la force des choses, les familles ouvrières s’entassent souvent dans une regrettable promiscuité. »

« Les maladies s’abattent sur les locataires, sans qu’ils puissent avoir aucun espoir d’y échapper : les enfants, même sains, ne peuvent se développer dans l’atmosphère viciée où ils végètent. »

Sur le plan de la morale, les conséquences sont encore plus désastreuses à ses yeux : « L’ouvrier, ne trouvant, chez lui, que gêne et malaise, délaisse souvent sa maison pour le cabaret. Bien plus, connaissant la cherté d’un loyer nécessaire à une famille nombreuse, les difficultés même d’en trouver un, il cesse d’avoir des enfants. S’il en a, ils sont condamnés à vivre dans cette promiscuité fatalement immorale ».

Il évoque aussi « l’alcoolisme, cause de maladie, de misère et de mort. » qui sera combattu « en permettant à l’ouvrier, à l’employé, d’occuper ses loisirs au milieu des siens, dans sa maison, dans son jardin »

Il conclut ainsi : « Le remède est connu, il est simple, c’est l’habitation saine et à bon marché. »

Saint-Nazaire aura son Office d’Habitations à Bon Marché puisque la proposition est adoptée.

Une commission spéciale de 6 membres est créée pour examiner les conditions dans lesquelles la commune collaborerait à la création et au fonctionnement de l’Office public de Saint-Nazaire.

6 mois plus tard, la première guerre Mondiale s’enclenche. Il faudra attendre 6 ans pour que le sujet soit à nouveau évoqué en Conseil Municipal.