Il a donné lieu à un article sur l’Office HLM de Saint-Nazaire dans le journal Le Monde.
Au lendemain du Congrès de l’Union Sociale pour l’Habitat qui s’est déroulé cette année à Montpellier du 24 au 26 septembre, revenons sur celui de 1972 qui s’est tenu à Saint-Nazaire.
C’est dans une Soucoupe toute neuve, inaugurée en 1970, que les 2 000 participants se sont donné rendez-vous du mercredi 24 mai au samedi 27 mai.
La circulation sur l’avenue Léo Lagrange est bloquée pour permettre l’installation des stands des exposants et le personnel féminin fraichement recruté au sein de l’Office assure l’accueil des congressistes souvent hébergés à La Baule.
De nombreuses personnalités font le déplacement et sont accueillies par le nouveau maire et Président de l’Office HLM, Etienne CAUX.
Quel est le contexte ? Les problèmes évoqués sont-ils si différents de ceux qui feront l’objet des débats à Montpellier ?
Albin CHALANDON est un Ministre de l’Equipement et du Logement libéral qui souhaite « libérer » le logement social pour restaurer un marché concurrentiel des logements sociaux et sélectionner les meilleurs. Les petits organismes sont appelés à disparaître.
Il évoque une nécessaire amélioration de la qualité de la construction. Son nom restera pourtant attaché aux « 70 000 chalandonnettes », maisons individuelles de piètre qualité confiées è des constructeurs privés, qui s’étalent sur tout le territoire français dans les années 1970, au grand dam de leurs occupants.
Alber DENVERS, président de l’Union HLM est une figure forte du logement social. Il assumera cette fonction de 1956 à 1985. Il insiste sur la nécessité de construire davantage. Il faudrait 400 000 logements HLM par an, les programmes 1972 n’en prévoient que 208 000. Ces chiffres nous font rêver quand on sait qu’en 2023, ce ne sont que 84 000 logements sociaux qui ont été mis en chantier.
En dehors des préoccupations financières (prix du foncier, coût de constructions, plafonds de loyers), la préoccupation principale tourne autour de la ségrégation sociale.
Il regrette que la rénovation des centres-villes aboutisse è la construction de logements de luxe et de bureaux qui repoussent les classes moyennes et les pauvres dans des immeubles construits dans des lieux éloignés de leurs lieux de travail.
Claudius PETIT, ancien ministre du Logement de Pierre Mendès-France, propose quant à lui, pour éviter cette ségrégation que les loyers soient fixés en fonction du salaire. Il s’interroge sur l’habitat des étrangers : « Quand pourront-ils vivre parmi nous et non en plus en marge de nous ? »
Le professionnalisme de l’Office HLM de Saint-Nazaire est reconnu et attire la presse nationale. Le Monde du 30 mai 1972 titre :
« J’ai rencontré un Office d’HLM heureux … »
Et qui est cet Office d’HLM heureux ? C’est bien sûr celui de Saint-Nazaire.
Le journaliste relate l’évolution de l’Office :
« L’Office municipal a participé à l’effort de reconstruction de la cité. De 1949 à 1953, plus de 600 logements furent ainsi mis en chantier. Installé dans les locaux de la mairie, « tournant » grâce à des fonctionnaires municipaux, l’organisme constructeur était alors – il l’est resté en grande partie – un prolongement de la municipalité.
En 1950, un « rédacteur » a été engagé, M. Robert Caudal, qui jouait tous les rôles, encaissait lui-même les loyers … il occupe depuis 1958 la direction de l’office. Celui-ci a grandi avec la ville.
En 14 ans, les effectifs de l’office ont triplé, passant de 7 personnes en 1958 à 50 en 1972 ; c’est peu apparemment pour un organisme qui figure dans la soixantaine d’offices en France (cinquante en province) à gérer un patrimoine de plus de 5 000 logements.
Son parc représente actuellement près de 5 500 appartements locatifs, dont 700 en chantier. Depuis 4 ou 5 ans, la cadence de construction est de 400 logements par an, soit environ la moitié de ce qui s’édifie dans l’agglomération. Au total, 20 000 personnes vivent en HLM à Saint-Nazaire, soit près du quart de la population de la ville.
Les salaires qu’il verse ne sont guère compétitifs par rapport au secteur privé.
L’office s’efforce néanmoins de s’adapter aux méthodes modernes de gestion. Il utilise les services d’un ordinateur pour gérer son parc locatif et met sur cartes perforées toutes les demandes de logement afin de mieux en suivre l’évolution. »
Robert Caudal livre son sentiment au journaliste :
« Nous avons du mal à recruter des techniciens. Un ingénieur à qui nous offrons 1 600 F par mois préfère travailler ailleurs ou ne reste pas.
Nous avons 1 400 demandes en stock qui sont remises à jour chaque année. Connaissant notre clientèle, ses besoins, ses possibilités, nous travaillons sur mesure.
Les relations avec les administrations sont cordiales.
Les entrepreneurs ? Nous avons recours à des Nazairiens dans le domaine du gros œuvre. Les entreprises extérieures ne se sont pas révélées compétitives. Trois entrepreneurs locaux se sont d’ailleurs groupés pour mieux répondre à notre demande.
L’architecte ? Nous avons le même depuis 20 ans, Mr Noël Lemaresquier, et nous travaillons maintenant avec son fils.
Les locataires ? Nos relations sont bonnes. Ils sont reçus chaque fois qu’ils le demandent. »
Le directeur souhaite leur retour au sein du Conseil d’Administration de l’Office.
M. Bernard Lemanceau, représentant des locataires confirme ces bonnes relations :
« Les programmes sont bien étudiés et bien réalisés. Si tous les offices étaient comme celui de Saint-Nazaire … »
Toute autre conclusion serait superflue.