Les résidences Gambetta et Cardurand sont les premières à sortir de terre grâce au soutien financier de la Ville. Les autres programmes suivront rapidement. Le témoignage des premiers habitants montre leur satisfaction à intégrer ces nouvelles habitations et nous donnent des indications sur l’ambiance d’après-guerre.
Le 29 mai 1947, le Conseil d’Administration se réunit à Pornichet, au Family Hôtel sous la présidence de Pître Grenapin qui est alors maire de Saint-Nazaire. François Blancho ne retrouvera son fauteuil qu’en novembre.
120 logements relevant du dispositif « Maisons d’Etat » sont alors en construction, 60 autres sont prévus pour le personnel de la SNCF.
Dès 1943, Noël Le Maresquier a été désigné architecte en chef de la Reconstruction de Saint-Nazaire. Il présente une étude sur les conditions d’habitat avant-guerre. Près de 20% de la population habitait des logements surpeuplés et 40 % des locaux inconfortables. La politique de réparation des dommages de guerre visant à reconstruire les logements détruits durant le conflit ne suffit donc pas. Ce sont 1 500 logements supplémentaires qui sont nécessaires.
La Ville s’appuie sur la politique du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme et demande de réserver 300 millions sous forme de prêts à l’OPHBM pour la construction de logements collectifs.
Il doit aussi « parer la carence de l’initiative privée et édifier des immeubles pour abriter le surplus de la population qui ne trouvera pas place dans les logements modernes qui seront reconstruits en réparation des dommages. »
Dès le 7 août 1947, le Conseil d’Administration valide une première tranche de 216 logements dont les plans ont été élaborés par Noël le Maresquier.
La Résidence Gambetta sera construite à l’emplacement de l’hôpital et du collège des garçons et la résidence Cardurand verra le jour en bordure du boulevard Victor Hugo prolongé et du boulevard de ceinture.
20 commerces sont également intégrés dans le programme.
Le coût de l’opération, d’abord estimé autour de 211 millions de Francs, sera finalement porté à 361 millions. 10% doivent être apportés par l’Office, le reste est financé par un prêt à 2% remboursable en 65 ans.
L’Office supportera bien le remboursement du prêt mais ne disposant pas de réserves, la Ville se substitue à ses obligations de financement propres.
Elle cède le terrain à titre gratuit et contracte un prêt de 28 millions de Francs dont le montant sera reversé à l’Office au fur et à mesure des besoins de trésorerie. Le remboursement se fera sans intérêt.
Sous la direction de Le Maresquier, 3 équipes sont constituée, l’opération a été divisée en 3 groupes : groupes I et II pour la résidence Gambetta et groupe III pour Cardurand.
En décembre 1948, les architectes acceptent une ristourne de 2% pour permettre à l’Office de faire face à l’augmentation de personnel liée à l’activité. 6 personnes de la mairie sont mobilisées et un emploi permanent devient indispensable. Robert Caudal, qui deviendra ensuite directeur, sera le premier salarié de l’Office en 1950.
Un programme supplémentaire de 92 logements et 8 locaux commerciaux complétant l’opération de Cardurand est validé par le Conseil d’Administration de l’Office le 4 décembre 1947. Ce sera le groupe IV.
Les premières mises en locations sont réalisées fin 1949. Elles s’étaleront sur 3 ans.
En 1952, les travaux des aménagements extérieurs sont engagés et des baignoires sabot et des chauffe-eaux sont installés.
Les témoignages croisés de Madame Tinguy et Madame Germaine (nées Maupoint) et de Monsieur Germaine qui ont emménagé dans la Résidence Gambetta toute neuve nous apportent le point de vue des habitants.
« On avait une cuisinière à charbon et au bout de l’appartement une salamandre à charbon. Quand on est arrivé, on n’avait pas de baignoire. Dans la salle de bain, il n’y avait qu’un lavabo. On se baignait dans de grandes bassines, des grands baquets. Ont été installées ensuite des baignoires sabots et les chauffe-eaux. Le chauffage central a dû être installé plus tard, autour de 1968. »
« Quand on est arrivé, c’était de la grande herbe comme dans une prairie. Cela nous convenait très bien, on récupérait des graines pour jouer à la marchande sur les jardinières. » « Il y avait beaucoup d’enfants, on passait des journées entières à jouer dehors. On était en sécurité. Là où il a aujourd’hui des parkings, des voitures, c’étaient des endroits où on pouvait jouer. » « Il y avait une seule voiture dans la cour. La cour entre les bâtiments, c’était de la terre. On faisait des batailles de marrons à l’automne. »
« Un jour, ils ont commencé des travaux, ils ont apporté des graviers qui faisaient des tas qui me paraissaient énormes et qu’est-ce qu’on a pu jouer là-dessus aussi. Cela n’a pas été tout de suite. Cela a été progressif. »
« Il n’y avait pas vraiment de gardien, c’était quelqu’un qui faisait le ménage. On se déplaçait à la mairie. Le seul nom que j’ai en tête est celui de Mr Caudal que maman prononçait. »
« Il y avait des commerces, boutiques, il y avait tout ».
« Plusieurs mariages ont eu lieu. On se connait depuis plus de 50 ans. »